Psychologie : oser dire non sans culpabiliser

Pour de nombreuses personnes, il n’est pas facile de dire Non sans culpabiliser. Il existe des freins en psychologie. C’est-à-dire des pensées et des croyances qui nous empêchent d’exprimer un refus. Qui bloquent la parole, nous conduisant à dire plutôt Oui ou à ne rien dire. Ce qui peut revenir au même ou presque.

Heureusement, il existe une bonne nouvelle. Ces barrières psychologiques peuvent se lever et laisser la voie libre à l’affirmation de soi (assertivité), définie comme la capacité à exprimer ses désirs, ses besoins, ses opinions et ses valeurs et agir en accord avec eux, sans concessions inutiles ni agressivité.

En bref, dire Non sans culpabiliser est possible. C’est d’ailleurs un sujet que j’accompagne régulièrement dans les coachings professionnels et les coachings de vie que je réalise, et dont l’objectif est l’affirmation de soi et la communication relationnelle.

Voici les clés en psychologie à connaître pour oser dire Non au travail, à sa famille et dans sa vie sociale.

1. Nous avons le droit et le devoir de dire Non

La première clé qui permet de dire Non sans culpabiliser est de reconnaître que nous avons en avons le droit. C’est un fait. Dans la loi, rien de nous oblige à dire Oui. Rien ne nous interdit de dire Non. Les exceptions sont extrêmement rares. Elles sont généralement liées aux forces de l’État (pouvoir de police, de justice, des impôts…). Or ces cas très particuliers, nous avons le droit de dire Non, que ce soit au travail avec nos managers, nos collègues ou nos clients. Que ce soit en famille avec nos parents, notre conjoint ou conjointe, nos frères et sœurs. Que ce soit dans la vie sociale, amicale, associative.

Ce droit est inscrit dans l’article 1er de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, qui a valeur constitutionnelle : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » La possibilité de dire Non incarne cette liberté et l’égalité en droits. L’emprise psychologique d’une personne sur une autre n’est pas reconnue par la loi. Pas plus que l’obligation de se soumettre en étant obligé de dire Oui.

L’heure est ainsi venue de faire une bascule en psychologie pour passer de la croyance « Je n’ai absolument pas le droit de dire Non » à « Oui, j’ai la possibilité et la liberté de dire Non sans me sentir mal ».

2. Ajuster le rapport à soi pour pouvoir dire Non sans culpabiliser

Le rapport que nous avons avec nous-même constitue souvent la première barrière en psychologie qui nous empêche de dire Non sans culpabiliser. Nous érigeons l’autre à un rang supérieur, plus important que le nôtre. Face à cet autre, nous nous effaçons. Nous nous plaçons derrière avec un rang de moindres importance.

La voie pour lever cette barrière est de revenir à une vision plus équilibrée des relations entre les personnes, telle le plateau d’une balance qui ne tombe plus d’un côté. Et pour cela, il convient de nous remettre au centre de notre vie, de renforcer notre égo. Oui, il est normal et légitime d’avoir un certain égocentrisme. Sans quoi nous ne pouvons exister.

Comment avoir un égo plus juste ? Nous devons adopter une attitude de respect vis-à-vis de nous-même, prendre soin de nous et nous considérer comme un être humain plein et entier qui a la même valeur que celle des autres. Cela nécessite parfois d’abandonner un sentiment d’illégitimité et le syndrome de l’imposteur.

Nous avons plus que le droit de dire Non. Nous en avons le devoir. Par respect envers nous-même.

A lire : comment renforcer son estime de soi

3. Sortir du besoin de reconnaissance et de devoir faire plaisir

Oser dire Non nécessite souvent de sortir d’une psychologie de soumission pour prendre son indépendance. Cela signifie lâcher ce besoin de reconnaissance où la validation de notre existence et de notre personne passe par l’approbation d’autrui. Le but de notre vie n’est pas de faire plaisir à l’autre et à nous effacer sans cesse. Nous sommes sur terre pour vivre notre vie. Sinon qui d’autre que nous la vivrait ?

4. Redonner à l’autre sa part de responsabilité

L’incapacité à dire Non peut être liée à un sentiment de culpabilité. Un sentiment de culpabilité morbide selon lequel nous nous attribuons la responsabilité du malheur et du bonheur des autres. « Si je dis Oui, je rends l’autre satisfait et heureux. Si je lui dis Non, il sera insatisfait et malheureux ou, pis, il sera terriblement blessé. » Ceci constitue un dangereux transfert de responsabilité. Car nous prenons en charge 100 % de la responsabilité de la situation, enlevant à l’autre toute sa responsabilité.

La clé pour sortir de cette culpabilité morbide est de redonner à l’autre sa part de responsabilité et son libre-arbitre. Chaque être humain est responsable à 100 % de ses émotions, de ses pensées et des actions. Autrement dit, je suis responsable de mes actes mais je ne suis pas responsable de ce que va ressentir l’autre et de sa réaction qui relève de son libre-arbitre. Ainsi, chacun devient co-responsable à 50 % de la relation : moi de mes comportements, l’autre de sa réaction.

En outre, en lui disant Non, nous redonnons à l’autre sa part d’humanité selon laquelle nous ne lui devons pas tout. Il nous appartient de lui dire Non pour ne pas le placer dans une position de toute puissance où tout le monde lui dirait Oui et serait à ses pieds.

A lire : Confiance en soi : sortir de la culpabilité

5. Clarifier Ce que je veux et ce que je ne veux pas

Pour pouvoir dire Non, encore faut-il savoir ce que nous voulons. Or, il existe parfois un brouillard qui opacifie ce que nous souhaitons vraiment et pourquoi. Une étape de clarification peut être nécessaire afin de discerner :

• Ce que je veux

• Ce que je ne veux pas

• Ce que je ne veux plus.

Cette clarification est une préalable pour retrouver un sentiment de légitimité perdu et pour sortir de la culpabilité. Elle nous remet au centre de nous-même. Elle peut être réalisée en utilisant une feuille de papier, en discutant avec une personne ressource qui a notre confiance (ami, famille…) ou par tout autre moyen.

Cette phase de clarification permettra également d’identifier les mots et les arguments avec lesquels nous pourrons exprimer clairement notre position.

A lire : Oser clarifier ce que je veux / Ce que je ne veux pas ou plus

6. Gérer nos peurs différemment

La peur de dire Non ressemble parfois à un mur infranchissable. Il convient d’interroger cette peur. Le risque que nous prenons en opposant un refus est-il réel ou imaginaire ? Est-il justement proportionné ou disproportionné ? Cette peur est-elle liée seulement à la situation présente ou reproduit-elle des peurs du passé ? Ne donne-je pas trop de pouvoir à l’autre ? Il convient ainsi de discerner la peur que nous avons pour mieux la gérer et adapter notre position : puis-je dire Non ? Comment exprimer ce Non pour qu’il soit acceptable par l’autre ? Comment puis-je gérer ensuite les possibles conséquences de mon refus ?

7. Savoir que nous avons la force de dire Non

Une pensée nous trompe souvent lorsque, pris par notre timidité et notre position de retrait, nous rencontrons une difficulté à dire Non : nous pensons que nous n’avons pas la force d’exprimer un refus. Une pensée erronée car, oui, nous en avons tout à fait la force. Par le passé, dans notre vie, nous avons eu la force de traverser bien d’autres épreuves difficiles. Et cette force, nous l’avons encore en nous. Il convient de s’en souvenir, de l’utiliser pour se préparer à oser dire Non en expliquant éventuellement pourquoi.

Sylvain Seyrig, coach professionnel à Paris et en ligne

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